Chaque fois qu'elle prend son vélo, Samaneh repense à Neda qui dévalait, libre, les rues encore désertes de Téhéran, à Neda qui ne reviendra pas de son exil en Suède. Elle repense à ce soir de Nouvel An où, restée à l'internat pour filles de son université, elle croit entendre le rire d'un homme provenant de la chambre de sa camarade. Voix réelle aux côtés de son amie censée rester seule ou voix tapie au creux de ses fantasmes d'adolescente ? Trop tard. La rumeur de la transgression absolue a couru. Un rapport est remis à la surveillante. Depuis douze ans, Samaneh revit en boucle l'interrogatoire subi, ressasse les réponses qu'elle ne peut plus changer, revit son « cauchemar de femme coincée dans la culpabilité ». Une sanction inconsciente qu'Amir Reza Koohestani, dans cet opus en clair-obscur, souligne d'un trait bleu qui ne la quittera plus. Cette voix, c'est aussi le ressort dramaturgique de la pièce. C'est la caméra subjective du metteur en scène iranien qui explose les limites spatiales du théâtre et les limites sensorielles de la représentation ; une navigation délicate dans les eaux elliptiques mais universelles de l'implicite. Là où courants intimes et sociaux se télescopent faisant rejaillir la violence sourde d'une vie passée sous les interdits.
Distribution
Texte, mise en scène et scénographie Amir Reza Koohestani
Vidéo Ali Shirkhodaei
Musique Ankido Darash, Kasraa Paashaaie
Lumière Saba Kasmaei
Costumes et accessoires Negar Nemati
Assistanat à la mise en scène Mohammad Reza Hosseinzadeh, Mohammad Khaksari
Avec Mona Ahmadi, Ainaz Azarhoush, Elham Korda, Mahin Sadri
Production
Production Mehr Theatre Group
Coproduction La Bâtie Festival de Genève, Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt am Main, BOZAR Centre for Fine Arts Brussels
En partenariat avec RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya