Comment surmonter les crises ?

Qu'elles soient existentielles ou financières, les crises ne cessent de rythmer notre quotidienneté, au point d'apparaître comme le terme qui désigne l'état permanent de notre contemporanéité. La vie psychique et économique semble placée dans une situation d'instabilité constante. Des générations entières semblent n'avoir vécu que par temps de crise. Celle qui domine l'actualité est économique. Effondrement de « l'économie casino », crise des subprimes, émeutes de la faim, conflits énergétiques, désastres écologiques... le règne de « l'Homme de Davos », comme le dit la politologue Susan George (du nom de la station Suisse huppée qui réunit chaque année les ténors du capitalisme financier), apparaît sans partage. La crise qui sourd est sociale et psychologique. Selon le journaliste Roger de Weck, il convient de trouver les instruments pour la réguler. Consommation élevée de psychotropes, conduites à risques, harcèlement au travail, suicides, débordements violents ou replis sur soi névrotiques, les crises existentielles et dépressions collectives prennent la forme d'un nouveau malaise dans la civilisation. « Dans l'ombre d'une richesse et d'une prospérité sans précédent, se forment une nouvelle pauvreté matérielle, une misère morale et un désespoir politique qui génèrent le ressentiment et la violence », écrit le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours. Comment surmonter ces déflagrations individuelles ou collectives, mentales et sociales ? Y a-t-il une vertu de la crise ? Par quels moyens la dépasser ? Si le mot « crise » désigne l'instant crucial ou le tournant, le moment quasi théâtral du dénouement des tensions ou celui de leurs aggravations, à la fois le « danger » et la « bonne occasion », il est temps de s'en saisir afin d'inventer un nouveau destin fondé sur une nouvelle approche du travail et du bien commun.

Avec Christophe Dejours psychiatre et psychanalyste
Susan George politologue
Roger de Weck écrivain et journaliste