Quels nouveaux âges et usages de la vie ?

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avec

Miguel Benasayag philosophe et psychanaliste

Pierre-Henri Tavoillot philosophe

Les enfants sont adolescents de plus en plus tôt, les jeunes le restent de plus en plus tard, les adultes rechignent à quitter leur jeunesse, et les vieux n'aspirent qu'à en connaître une seconde... Comment aborder cette confusion entre des générations qui expérimentent d'autres rythmes et rites de passage, de nouvelles façons de vivre et de mourir, de naître et de transmettre ? Pour nous autres contemporains, la trentaine n'est plus le milieu du chemin de la vie, comme l'écrivait Dante au premier vers de La Divine Comédie. L'espérance de vie est passée en un siècle de 43 ans (en 1900) à 79 ans (en 2000). “Jamais dans l'histoire l'homme n'a bénéficié d'une telle certitude de son horizon de vie, jamais pourtant il n'a paru aussi démuni sur la manière de parcourir le chemin du berceau à la tombe”, écrivent Eric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot dans Philosophies des âges de la vie. Une crise d'identité sans précédent gagne une civilisation touchée par la confusion et l'indétermination des âges. Vivons-nous une fin des âges, au sein de laquelle il n'y aurait plus “un temps pour tout”, comme disait l'Ecclésiaste, mais un espace des possibles élargi ? Traversons-nous un nouveau conflit entre les générations ? Plutôt une redéfinition des âges de la vie qui repose sur une mutation démographique, une révolution anthropologique et une crise philosophique. Une rencontre pour comprendre les usages des nouveaux âges de la vie d'une civilisation qui oscille entre maturité et jeunisme, sagesse et déréliction.