Le 6 avril 1933, Antonin Artaud prononçait à La Sorbonne une conférence qui allait être publiée un an plus tard sous le titre Le théâtre et la peste. Et tandis qu’à Berlin les nazis au pouvoir organisaient les premières grandes manifestations antisémites déclenchant ce que le psychanalyste Wilhelm Reich allait appeler « peste émotionnelle », cette contagion de gestes unanimes produisant une adhésion politique potentiellement meurtrière, le poète donnait à entendre ce somptueux affolement du langage qui se joue entre la peste et le théâtre.
L’une et l’autre eurent jadis Avignon — son Palais des papes, son Festival — pour lieu cardinal. Au moment où l’on se rend compte que nous payons peut-être le prix politique de ne rien avoir dit de la pandémie de Covid qui occupa pourtant toutes nos conversations, ce lieu peut-il se réactiver politiquement ? Voilà la question qu’on posera dans cette intervention, qui prendra sinon la forme, du moins l’espérance, d’un spectacle à venir.
Distribution
Une conférence de Patrick Boucheron historien et professeur au Collège de France