avec Cécile Ladjali, Thomas Ostermeier
et Christophe Ventura
On la décrit comme conformiste, consumériste, suiviste, gavée de part en part par tous les standards et les gadgets qui la façonnent, victime de la mode, apathique, boulimique... Et pourtant, lorsque la culture, notamment, se donne les moyens de faire entrer en littérature, en théâtre ou en peinture le “nouveau public” de cette génération désenchantée, la jeunesse répond autre chose que par des clichés télévisés. Cécile Ladjali, professeur de français et écrivain, l'a éprouvé, lors d'une expérience remarquable et remarquée de pédagogie citoyenne, dans un lycée de la banlieue parisienne. Lorsque la contestation de la planète uniforme, de la tyrannie des marques, de l'inégalité mondialisée reprend son droit et ses couleurs, de Gênes à Saint-Denis, de Porto Alegre à Bombay, la jeunesse ne désarme pas. Christophe Ventura, l'un des animateurs de l'association 100% altermondialistes, l'a constaté. Cependant, les questions restent posées. Quelles sont, notamment, les conditions de possibilités de création et de contestation de la jeunesse, à la fois uniformisée par le monde marchand et séparée par les inégalités de traitement ? Un préalable s'impose : la jeunesse en soi n'existe peut-être pas. En dehors de la physiologie qui rassemble une génération, il n'y a que des jeunes, des filles et des garçons, héritiers ou déshérités, fortement clivés dès le plus jeune âge. C'est pour cette raison que deux jeunes acteurs singuliers de la vie sociale, culturelle et politique, aucunement représentants d'une jeunesse imaginée, mais témoins engagés de son devenir, tenteront de répondre aux urgences du moment, en compagnie de Thomas Ostermeier, metteur en scène, directeur de la Schaubühne de Berlin, artiste associé de l'édition 2004 du Festival d'Avignon, pour qui la jeunesse demeure un îlot soustrait aux stratégies de carrière, une source inépuisable d'inspiration.