À la lumière du Surmâle, roman d'Alfred Jarry moins connu que ses pièces, l'acteur Olivier Martin-Salvan découvre des aspects du Père Ubu qui mettent en doute la bouffonne candeur qui lui est d'habitude attribuée. Une cruauté obscure, une violence abrupte et une sexualité outrancière confèrent des revers moins joyeux au grand enfant que représente le Père Ubu. Dans Ubu sur la butte, Alfred Jarry reprend l'action d'Ubu roi sous une forme plus dense, déniant toute psychologie à ses personnages. Le décervelage qui règne dans la pièce a conduit les plasticiens Clédat & Petitpierre à proposer un décor radical : un terrain d'aérobique. Les combinaisons moulantes propres à cet univers, la lumière crue et la musique abrutissante des salles de sport assimilent avec astuce la vaine dépense physique et l'acharnement à accéder au pouvoir. Répéter des gestes, se soumettre à des concours pour gravir un podium ou gagner une médaille semble répondre à une pulsion du même type que celle qui mène le Père Ubu à multiplier les crimes pour conserver le pouvoir. Les spectateurs, répartis autour de la scène comme autour d'un ring, assistent dans le détail à la montée en puissance d'une dictature qui, quoique grotesque, évoque avec frissons des travers répandus.
"Ubu", m.e.s. OLivier Martin-Salvan - Extraits
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