Heinrich von Kleist a 24 ans lorsqu'il publie anonymement La Famille Schroffenstein qu'il situe dans le royaume de Souabe à la fin du Moyen Âge. Violente histoire d'une famille dont les branches opposées se détestent et dont les héritiers respectifs Ottacar et Agnès s'aiment. Un parfum shakespearien flotte autour de cette aventure qui rappelle Roméo et Juliette mais dont les dédales d'intrigue l'en distinguent quand l'humour se mêle à la perversité, le rêve au cauchemar. Pièce lyrique, violente, cruelle, où les fantasmes des deux familles nourrissent une paranoïa qui peut devenir extraordinairement comique pour les spectateurs de cette guerre intestine dont personne ne sait plus les origines. Giorgio Barberio Corsetti nous fait entendre l'impossibilité des personnages à comprendre et renouer avec la vérité de leur propre histoire. De méprises en représailles, de malentendus en erreurs tragiques, il aime nous faire cheminer avec les héros vers le drame final, celui qui rendra la guerre inutile faute de combattants. Pièce folle, pièce jubilatoire, pièce fascinante, La Famille Schroffenstein est la première pièce de Kleist. Le metteur en scène du Prince de Hombourg a souhaité la proposer aux jeunes élèves de l'ERAC pour qu'ils s'emparent avec fougue de cette tragi-comédie qui, dit-on, fit rire aux larmes l'auteur lui-même.
"La Famille Schroffenstein", extraits
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