Orgie de la tolérance

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Archive 2009

Jan Fabre

Anvers / Création 2009

Orgie de la tolérance © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Puisque nous avons trop de tout, trop de confort, d'images, de sons, de bouffe, de sexe, comme trop de misère, d'émotions ou de bons sentiments, Jan Fabre a voulu se situer exactement là où ça déborde, recueillant les excès pour en faire des formes elles-mêmes excessives. Et puisque tout se recycle de plus en plus vite, y compris le plaisir, les idées, la révolution ou encore la subversion, sa nouvelle création s'installe au cœur de ce qui bouge, de ce qui communique, pour faire circuler les signes encore plus rapidement, avec une énergie destructrice phénoménale, jusqu'à la farce, jusqu'au non-sens. L'orgie du titre, c'est l'extase, l'orgasme de la consommation : se faire plaisir, parfois littéralement, en tenant sa place dans la licence, l'outrance et la dépense, de préférence avec beaucoup de zéros. La tolérance ? C'est se demander si quelque chose, aujourd'hui, peut encore choquer : sommes-nous prêts à tout accepter ? Notre société est à la fois extrêmement précautionneuse dans certains domaines, mais finalement immensément tolérante pour la plupart des autres. Ce qui permet à Jan Fabre, et à ses neuf performeurs, de déployer sur scène un rire violent qui contamine tout et ne respecte rien. Orgie de la tolérance propose en effet une série de rituels mettant à mal notre siècle fraîchement éclos. Les corps y sont régulièrement pris de réflexes animaux, mais des animaux acheteurs, mis en compétition devant les produits dont ils ont besoin, comme soumis à une dépendance incontrôlable. Et quand, au contraire, ils s'alanguissent et se reposent, c'est pour mieux sombrer dans la cérémonie des sofas, ces indices confortables du bien-être intime, où nous nous déposons délicatement afin de regarder la télévision – et faire entrer la violence, la barbarie –, où nous discutons sans fin entre amis d'un ton las et sentencieux, souvent pour tromper l'ennui, parfois pour dire des horreurs en toute bonne conscience. Il y a de l'Ubu dans ce spectacle qui oscille entre la farce et les Monty Python, entre le cabaret brechtien et le happening dévastateur. Comme si un complot absurde, mais néanmoins rigoureux, pouvait permettre d'appuyer toujours plus fort sur l'accélérateur et précipiter joyeusement le monde dans le mur. ADB

Distribution

conception, mise en scène, chorégraphie et scénographie: Jan Fabre
textes: Jan Fabre
en collaboration avec les performeurs
dramaturgie: Miet Martens
musique, paroles: Dag Taeldeman
lumière: Jan Dekeyser, Jan Fabre
costumes: Andrea Kränzlin, Jan Fabre
prothèses: Denise Castermans
avec: Linda Adami, Christian Bakalov, Katarina Bistrovic-Darvas, Annabelle Chambon, Cédric Charron, Ivana Jozic, Goran Navojec, Antony Rizzi, Kasper Vandenberghe (distribution en cours)

Production

production: Troubleyn / Jan Fabre (Anvers)
coproduction: Santiago a Mil festival international de théâtre de Santiago, Peak Performances @ Montclair State University, Tanzhaus (Düsseldorf), deSingel (Anvers), Théâtre de la Ville-Paris, Festival Romaeuropa (Rome), Festival de Dubrovnik
avec le soutien: des Autorités flamandes

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