À cette occasion, le metteur en scène Jean-François Matignon et quelques-uns de ses comédiens lisaient des passages de cette pièce librement inspirée de fragments extraits de romans de David Peace et du Woyzeck de Büchner.
Deux œuvres, la pièce Woyzeck de Büchner et le roman GB 84 du britannique David Peace. Deux époques, l'Europe du début du XIXe siècle et l'Angleterre de 1984 dirigée par la Dame de fer. Une même noirceur. En jetant des ponts entre la trajectoire du soldat Franz Woyzeck et celle des mineurs engagés dans la grève qui opposa Margaret Thatcher à toutes les “gueules noires” de son pays, Jean-François Matignon met en lumière ceux qui n'ont plus que la violence pour panser leurs blessures. W/GB84, sa nouvelle création, est l'histoire d'un homme qui s'appellerait Martin ou Franz, qui vivrait en 1984 ou peut-être en 1837. L'histoire d'un homme qui, selon les mots acérés de David Peace, « court à travers le monde comme un rasoir ouvert ». L'histoire d'un homme effleuré par l'aile de la terreur, qui ne sait pas ce qu'il sera capable de supporter lorsque, autour de lui, « ça devient si sombre qu'on dirait qu'on est aveugle ». Pour le metteur en scène avignonnais, W/GB84 pose la question de « ce que nous sommes capables de supporter, nous, manipulés, nous, brisés par ces litanies de puissants aux exigences sans limites au service d'intérêts officiels ou anonymes. » Politique sans oublier d'être poétique, rageur sans être désabusé, le théâtre de Jean-François Matignon fait dialoguer Büchner avec David Peace et révèle ainsi d'intemporelles questions de société. LP
