avec
Adam Biro, Stanko Cerovic, Wolfgang Engler,
Bronislaw Geremek et Tzvetan Todorov
Depuis le 1er mai 2004, l'Union européenne s'est élargie à dix nouveaux membres, en particulier venus de l'Est, comme la Pologne, la Hongrie, la Slovénie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la République tchèque et la Slovaquie. Cet aboutissement d'un changement historique, notamment marqué par la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide et le dépassement de la division de l'Allemagne, tient-il ses promesses et entretient-il encore les espoirs nés de 1989 ? Rien n'est moins sûr, tant la morosité, l'abstentionnisme, et la perplexité semblent avoir gagné l'Europe, Est et Ouest confondues. L'Allemagne est touchée par “l'Ostalgie”, tandis que la France traite parfois ces nouveaux entrants avec condescendance, privilégiant un axe franco-allemand, certes non aligné sur la politique étrangère américaine, mais aussi économiquement plus puissant et plus solide. Les conflits éteints en ex-Yougoslavie n'ont pas fermé les plaies ouvertes par les déchirures frontalières et l'intervention de l'OTAN. Entre méconnaissance et condescendance, l'Europe de l'Est inquiète et intrigue. Pourtant, c'est de ce côté de l'ancien rideau de fer que s'inventent souvent de nouvelles formes artistiques, sur la scène théâtrale, notamment. C'est également à l'Est qu'il n'y a pas si longtemps, une “troisième voie” politique, refusant à la fois l'hégémonie américaine et le joug communiste, ne voyant pas d'un si bon œil le remplacement de la statue de Staline par celle de Michael Jackson, s'esquissa chez nombres de dissidents du pays du “mensonge déconcertant”. Mais que recouvre l'Europe de l'Est ? Que signifie être européen de l'Est, quand on vient de Budapest, de Belgrade, de Berlin, de Varsovie ou de Sofia ? En présence de passeurs de frontières – Adam Biro, Stanko Cerovic, Wolfgang Engler, Bronislaw Geremek et Tzvetan Todorov – et d'intellectuels qui ont au cœur une Europe à la fois désarmante et enthousiasmante, il s'agira d'évoquer les rêves trahis ou avortés et les nouvelles rives à aborder, parce que l'Europe de l'Est pourrait bel et bien porter cette “autre Europe” dont nous avons besoin.