In praise of love

Selon le philosophe Alain Badiou, l'amour est un événement qui, tout comme l'art ou la révolte, fait irruption dans la réalité et en rompt la banalité pour ouvrir à la différence, à la rencontre avec la possibilité du “Deux” (Conditions, Le Seuil, 1992). Comme il le déclarait récemment à Philosophie magazine (n° 19, mai 2008), “l'amour est ce qui va rendre raison de la nécessité d'explorer une expérience du monde qui ne soit pas celle de l'Un, mais celle du Deux. Si l'amour est une pensée, il est la pensée du Deux et de la différence comme fécondité, construction particulière du monde”. Qu'il soit réduit à la biologie des passions ou dilué dans l'individualisme relationnel, l'amour est menacé de toutes parts. “Sur sa gauche, précise Alain Badiou dans De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 2007), par le libertinage, qui le réduit aux variations sur le thème du sexe, et sur sa droite, par la conception libérale, qui le subordonne au contrat. Les premiers soutiennent les droits de l'individu démocratique à la jouissance sous toutes ses formes, sans voir que, dans un monde réglé par la dictature marchande, ils servent de fourriers à la pornographie, qui est un des plus grands marchés planétaires. Les seconds voient l'amour comme un contrat entre deux individus libres et égaux, ce qui revient à se demander si les avantages qu'en tire l'un balancent équitablement ceux qu'en tirent l'autre”. Ainsi l'amour est-il un acte de résistance politique au sein d'un monde soumis à l'échangisme marchand universel. Pour Alain Badiou, non seulement “l'amour doit être réinventé, mais aussi tout simplement défendu”.

With Alain Badiou philosopher