avec
Hélène Alexandridis, Joseph Hanimann
et Christian Salmon
À quelles conditions l'art peut-il induire une politique ? Comment l'acte humain le plus singulier peut-il faire sens pour une communauté, sans tomber dans les pièges du narcissisme, de la subversion de salon, de l'instrumentalisation, de l'intellectuel domestiqué par le pouvoir inégalé du capitalisme culturel ? La figure de l'artiste engagé a-t-elle fait son temps, alors que la contestation du monde tel qu'il ne va pas a repris ses droits ? À partir de l'évocation de l'aventure du Parlement international des écrivains – fondé en 1993, présidé tour à tour par Salman Rushdie, Wole Soyinka et Russel Banks, et autodissout en 2003 –, tout d'abord créé pour aider les écrivains menacés et censurés, puis devenu réseau de Villes Refuges porté par la revue Autodafé, il s'agira d'explorer les nouvelles voies et formes possible d'interventions des artistes dans la vie publique. En présence de Christian Salmon, qui fut le secrétaire général du Parlement, de Joseph Hanimann, connaisseur avisé de la vie artistique franco-allemande, et de la comédienne Hélène Alexandridis qui émaillera cette rencontre de lectures des œuvres des auteurs de cet “archipel pour écrivains persécutés”, le Théâtre des idées questionnera l'insoumission du langage à l'heure de la banalisation de la transgression, tentera d'opposer, à la logique de guerre, des “forces d'interprétation” et essaiera d'avancer sur la voie d'une “mondialisation de la subjectivité” dont l'art peut être porteur. Sous l'arbre à palabre et à parole des voix de ces “hommes-récits”, de ces “ambassadeurs de la diversité humaine” qui ont composé la revue Autodafé, un trio d'expériences tentera d'esquisser un nouvel “art de la rencontre”, une acoustique propre à l'invention de ce “peuple qui manque”, dont parlait le philosophe Gilles Deleuze, une possible politique artistique.