Neuf années ont été nécessaires à Andrea Mantegna pour orner les murs et le plafond d'une petite pièce du palais ducal de Mantoue. Appelé à tort «la chambre des époux», alors qu'il s'agissait vraisemblablement d'un bureau privé muni d'un lit, ce lieu merveilleux, pour lequel le peintre de la Renaissance italienne a laissé libre cours à son imagination, a été visité à plusieurs reprises par John et Katya Berger. Fascinés par cette œuvre atypique, ils ont entrepris un échange par correspondance à son sujet. Ces lettres et SMS deviennent aujourd'hui des dialogues, par recomposition, réécriture ou redistribution des propos échangés. Pris en charge sur le plateau par leurs auteurs, ils sont matière à dire la beauté de la peinture de Mantegna, mais aussi la force d'une relation humaine hors normes et la grâce d'un questionnement sur le regard. Pas de conférence savante, pas de didactisme, pour mettre à la portée du public une œuvre que chacun se doit d'interpréter individuellement. Juste une conversation ouverte, généreuse, animée d'une curiosité qui semble sans limites et témoigne d'un profond désir de partage. Une lecture-performance comme une proposition de relation : à l'art, au monde, au temps, à l'oubli mais surtout, peut-être, de père à fille, et de fille à père. JFP