Roberto Bolaño, écrivain chilien mort à Barcelone le 14 juillet 2003 à l'âge de 50 ans, est un des grands invités du Festival d'Avignon avec la mise en scène par Julien Gosselin de son livre posthume, 2666. France Culture propose aux spectateurs et aux auditeurs deux soirées en hommage à l'écrivain, permettant à ceux qui le souhaiteront de prolonger et compléter leur découverte de cette oeuvre multiple et peu connue, dont 2666 serait le point d'orgue. Roberto Bolaño est né au Chili, il a vécu au Mexique puis à Barcelone. Très jeune, il décide de se consacrer à sa vocation d'écrivain et ne cessera d'écrire et de publier jusqu'à sa mort. Autodidacte, voyageur, Roberto Bolaño a fait tous les métiers, « parmi les plus humbles » comme il le dit, pour gagner sa vie (gardien de camping, portier de nuit, etc.) avant de vivre exclusivement de la littérature. Immense lecteur, porteur d'une culture faramineuse et non académique, Roberto Bolaño ne cesse de confronter dans son oeuvre, la littérature et le mal. La poésie est le noyau de son oeuvre romanesque : « la poésie est le seul domaine avec celui de la douleur, où il est encore possible de se perdre » dit-il dans un entretien. Il est urgent de découvrir l'oeuvre de Roberto Bolaño. Elle est d'une actualité impressionnante. Sans oublier l'humour qui la parcourt. La littérature et la poésie ne sauveront peut-être pas le monde mais elles sont vitales pour nos sociétés. Blandine Masson
À propos d'Amuleto
Mexique, septembre 1968 : la police envahit l'université de Mexico. Afin de lui échapper, Auxilio Lacouture, une Urugayenne amie des poètes, se réfugie dans les toilettes des femmes du quatrième étage de la faculté de Lettres et de Philosophie. Elle y demeure cachée durant treize jours, au cours desquels elle raconte l'année 1968 mais aussi celles qui vont suivre passées auprès de jeunes poètes, en particulier du chilien Arturo Belano.
Extraits d'un entretien avec Roberto Bolaño par Dominique Aussenac, paru dans Le Matricule des Anges :
« J'ai l'habitude d'écrire sur des choses réelles, en fait un de mes défauts est de beaucoup trop m'appuyer sur ce qui est autobiographique. Auxilio d'Amuleto par exemple existe. Tout ce que je raconte sur elle est vrai. Et d'après ce que m'a raconté un jeune écrivain chilien parti sur ses traces, elle vit actuellement en Uruguay, dans un hôpital psychiatrique. Je crois qu'on ne peut rien oublier même lorsqu'on a envie d'oublier. Si on pouvait oublier on pourrait être de nouveau irresponsable. On pourrait chanter autour d'un feu en plein midi. Nous pourrions nous dévorer nous-mêmes. La culture est basée sur la mémoire. Depuis l'époque des Lumières, la mémoire engendre la responsabilité. Au sujet de l'humour : il n'y a que faire l'amour qui est un peu mieux que rire. Ou non, ça dépend. Au-dessus de l'humour et de l'amour il y a peu de choses sacrées, probablement aucune. Ce qu'il y a, c'est parfois un énorme silence facile à confondre avec quelque chose de sacré, mais qui ne l'est pas. Ou il y a de la peur, qui peut aussi se confondre avec le sacré. Mais non, généralement ce qu'il y a, c'est du silence. Et Rimbaud nous a appris ce qu'il faut faire quand on arrive à ces grandes prairies silencieuses, bien que nous l'oubliions petit à petit. »
Diffusion sur France Culture le 18 septembre 2016 dans Théâtre & Cie Semaine consacrée à Roberto Bolaño dans La Compagnie des auteurs du 19 au 22 septembre à 14h sur France Culture.
Distribution
With Maria de Medeiros
Guitar and composition Csaba Palotaï
Production
Translation from spanish Emile et Nicole Martel
Adaptation Victoria Kaario / Éditions Christian Bourgois
Production Benjamin Abitan