L'obstination de Jean Vilar est légendaire. Parmi les plus édifiantes se trouve celle en 1951 de l'inscription à l'affiche de la semaine d'art d'Avignon du Prince de Hombourg de Kleist. La pièce était inconnue en France et jouissait en Allemagne d'une douteuse réputation. Pourtant c'est dans l'ex-cité des papes que ce conte guerrier prendra son envol. Pour l'incarner, Vilar se tourne vers une jeune vedette du cinéma : Gérard Philipe. Non seulement il lui propose le rôle du Prince, mais également celui du Cid. Les élus avignonnais font la grimace : encore le Cid ! N'a-t'il pas déjà été programmé deux années de suite et maintenant avec une vedette de cinéma !!! Ils céderont devant la fermeté de Vilar... Le succès sera écrasant. Le retour à Paris ouvre l'air du soupçon. Pour certains, retrouver à l'affiche du tout jeune Théâtre National Populaire Kleist mais également Brecht avec Mère Courage, n'est-ce pas faire la part trop belle à la culture allemande ? Le sénat attend des explications... Place aux archives et aux témoignages, pour retrouver la vigueur de ces actes de la mémoire.
Jean-Pierre Jourdain
Collaborateur d'Antoine Vitez, Jean-Pierre Jourdain a également travaillé à Théâtre Ouvert avant d'être secrétaire général de la Comédie-Française. Il est actuellement directeur artistique du TNP auprès de Christian Schiaretti, avec lequel il a dirigé la Comédie de Reims.
Diffusion dans la grille d'été de France Culture le 14 juillet à 21h
Distribution
Texte inédit et archives INA
Par Jean-Pierre Jourdain
Troisième volet pour une mémoire du théâtre après 68, Le Leaving Theatre avait-il les clefs du Paradis ? (juillet 2013) et Le Regard du sourd de Bob Wilson (janvier 2014)
Réalisation Philippe Baudouin
Production
France Culture