Le titre de ce spectacle est le début d'une note que Koltès a écrite à propos de Dans la solitude des champs de coton. Il ne s'agit donc pas d'une pièce mais d'un matériau pédagogique, d'une traversée en territoire koltésien comprenant aussi des notes et des lettres. Les personnages de Koltès sont des êtres « aux aguets », comme l'entendait Deleuze, au sens animalier du terme. Sur le qui-vive dans un territoire inquiétant et souvent sombre, nocturne, comme la parole qui dit trop ou trop peu, qui déborde, qui dit tout autre chose que ce qu'elle semble dire, comme dans le rêve, la nuit. Frôlements, haine, demandes d'amour éperdues, électricité en tout cas que provoque la proximité des corps : nous sommes seuls et nous sommes trop nombreux, c'est ce paradoxe que vont expérimenter quatorze jeunes gens sur un plateau de théâtre.