Un jour, Didier-Georges Gabily lut dans un quotidien régional l’histoire de Marguerite L. condamnée à une peine de prison pour infanticide. Il découpa l’article, il le garda : « Le 8 mars 1980, Marguerite L., fille de ferme d’une vingtaine d’années, accouchait d’un nouveau-né qu’elle étranglait aussitôt et dissimulait sous du fumier. J’ai vécu avec cette Marguerite-là dans la tête, avec son silence ; j’ai enquêté avec obstination cherchant à reconstituer la genèse d’un tel acte. Que l’on nous pardonne si nous osons affirmer que Marguerite tue son enfant comme on tuerait quelques chatons de trop dans une portée, sans les reniflements et les mauvaises consciences habituels aux “civilisés”.» Travail d’archéologie littéraire, de reconstitution des événements vécus par Marguerite dans la tourbière, dans l’étable, dans la prison des gendarmes. Naissance au roman, au théâtre, au cinéma, d’une figure dont les déclinaisons (Marguerite, Lalla) jalonnent l’oeuvre de Gabily, disparu il y a 20 ans.
Jean-François Matignon - "Didier-Georges Gabily - Marguerite L." - Extrait
- Death