Il paraît qu'il est inutile de demander à un Russe qui est le plus grand poète ni quel est le plus beau poème jamais écrit : c'est une question idiote. André Markowicz, russe de Saint-Pétersbourg, comme le héros Onéguine, en est persuadé et traduit les vers de Pouchkine depuis l'âge de dix-sept ans. Car rien n'est plus vide et plus léger, rien n'est plus terrifiant que ce poème, qui n'est pas seulement un poème, mais un roman – et un roman sur rien, pas seulement le rien de la vie mondaine d'un héros romantique : non, un roman qui n'apprend pas à vivre, qui n'a aucune « vision du monde ». Un roman construit sur le son, sur la voix, sur le jeu délicat de mille intonations, dont tout le sens est d'être ce qu'il est, et de dire ce qu'il dit, pas plus, pas moins. Jean-Yves Ruf, formé à l'École du TNS, retrouve André Markowicz à l'occasion de cet atelier-spectacle créé pour Avignon, avant d'être présenté en octobre au TNS, à l'École du Théâtre d'art de Moscou, et à Paris à La Maison de la poésie.