Après avoir accueilli cet été les représentations de deux grandes productions internationales, la FabricA retrouve en cette rentrée sa fonction première. Celle pour laquelle elle a été pensée et érigée, c'est-à-dire permettre, tout au long de l'année, la résidence d'artistes engagés dans des créations pour le prochain Festival d'Avignon.
Première compagnie à investir les lieux, du Zieu est dirigée par la metteure en scène Nathalie Garraud et l'auteur Olivier Saccomano. Elle met actuellement en chantier Spectres de l'Europe, un cycle sur la figure de l'étranger qui donnera lieu, cette saison, à deux créations. La première, L'Avantage du printemps, fera l'objet d'ultimes répétitions à La FabricA fin octobre, avant d'être présentée à Bagdad. La seconde, Othello, variation pour trois acteurs, sera jouée en juillet 2014 dans différentes communes de l'agglomération du Grand Avignon.
Cette résidence de la compagnie du Zieu est l'occasion de reprendre le fil des rencontres mensuelles du Festival d'Avignon. Ce rendez-vous a été imaginé en deux temps : un filage public de L'Avantage du printemps (45 min), pour une première entrée dans l'univers artistique de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, suivi d'un temps d'échange sur la création qu'ils présenteront l'été prochain au Festival d'Avignon. Cette première rencontre autour de l'édition 2014 est emblématique de deux lignes de force du projet du nouveau directeur Olivier Py : d'une part, le désir de faire entendre une nouvelle génération d'artistes et, d'autre part, la volonté de faire rayonner le Festival d'Avignon sur son territoire, notamment à travers des formes théâtrales légères et itinérantes.
Quelques mots de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano sur ces créations :
L'Avantage du printemps
« Cette courte pièce pour deux acteurs, L'Avantage du printemps, est issue d'une commande passée à des artistes allemands, irakiens, égyptiens et français, sur le thème des clichés et des stéréotypes culturels circulant entre l'Orient et l'Occident. Dans une Europe où l'art et la politique sont régulièrement invités à douter de leurs propres capacités, on fantasme d'autant plus le non-européen qu'il a affaire à ce que l'Europe ne veut plus voir ni connaître : la guerre, la révolution, la misère. Autour de ce jeu de miroirs, nous construisons une situation fictionnelle : la rencontre, par exemple, d'une programmatrice d'un grand théâtre français et d'un jeune metteur en scène post-printemps arabe. »
Othello, variation pour trois acteurs
« Cette variation sur Othello, conçue comme une forme légère et itinérante, est une première approche de la figure de l'étranger, telle qu'elle se construit dans les sociétés occidentales. Dans notre adaptation, l'accent portera sur certains motifs du texte de Shakespeare capables d'éclairer notre situation historique et politique. Dans une république marchande (Venise), le mariage d'un général arabe (Othello) et de la fille d'un riche sénateur (Desdémone) fait scandale. Mais l'État a besoin de cet étranger pour conduire une intervention militaire à Chypre, comptoir occidental convoité par le rival ottoman. Fantasmes de l'étranger (désirable et haïssable), construction politique et historique d'un affect obscur (la jalousie, qui n'est que l'autre face de l'angoisse), manipulation des informations (qui bâtissent des certitudes infondées), traversée des clichés (auxquels chacun est tenté d'adhérer), tels sont les axes qui guideront notre recherche. »