Fabrice Murgia a une généalogie ouvrière et résistante. Il travaille les exils physiques et visibles comme les exils intérieurs. Partant d'une écriture du réel, observatrice et très documentée, il convoque un réseau d'images qui dérangent et remuent. Pour Notre peur de n'être, Fabrice Murgia entre en création avec des questions qui ont à voir avec les malaises, les crises et les aliénations. À partir des travaux de Michel Serres sur le passage de la civilisation de l'écrit à celle des nouvelles technologies, Fabrice Murgia prend appui sur les Hikikomori qui, au Japon, se coupent volontairement de leur environnement et lisent le monde au travers de leurs seuls écrans pour vraisemblablement ne pas devenir fous.
Notre peur de n'être parlera donc de ce peut-être merveilleux quotidien, bien souvent surréaliste.
Quelques mots de Fabrice Murgia
à propos de Notre peur de n'être.
J'ai tenté d'être sincère en témoignant de mon errance dans ce capitalisme tardif qu'il est difficile de comprendre et dans lequel il est surtout nécessaire de faire de l'art autre chose qu'une explication trop simple et peu convaincante.
Mon utopie n'a jamais été de comprendre, mais de nous rendre simplement capables d'hériter de ce monde-ci et d'essayer de lui rendre sa beauté.
Si le rôle de la machine est de servir ce système et de conditionner nos relations, je veux, aujourd'hui, poser la question dans le sens inverse : travailler sur la notion d'espoir que les nouvelles technologies peuvent susciter chez les générations actuelles et futures.
Au-delà d'une conception numérique de l'avenir, le spectacle parlera de la jeunesse qui a besoin d'espérer, qui a besoin de traduire cette croyance en beauté. De sa force aussi quand émerge un tournant et de sa fougue quand naît une contre-culture.
Et c'est pour cela que j'inverserai la grammaire de la narration : ce sont de jeunes acteurs qui manipuleront la machine théâtrale, tant sur le plan technique que de l'histoire. Il est important que l'énergie de ces six acteurs en scène soit le carburant du spectacle, le centre du système.