L'inspiration est souvent facétieuse surtout quand elle s'appuie sur une note de Rudyard Kipling précisant que « les locomotives, avec les moteurs de bateau, sont les machines les plus promptes à éprouver des sentiments ». C'est en recroisant un jour cette phrase parmi ses nombreux souvenirs que Rezo Gabriadze décide de revenir à deux de ses amis d'enfance : la locomotive et le chapiteau. Tous deux témoins d'un monde qui disparaît, ils vivent en sa mémoire comme des organismes autonomes. Dans le spectacle Ramona, le metteur en scène et marionnettiste déploie une fois de plus son art de révéler l'animation qui règne dans les choses et oeuvre pour donner toute leur existence et leur délicatesse aux sentiments qui les habitent. Dans une gare d'URSS, Ramona, une locomotive optimiste, curieuse et vive, s'éprend d'un solide engin d'acier, Ermon. Mais celui-ci, soumis aux aiguillages qui le font sillonner d'autres contrées, n'a pas le loisir de choisir où le mènent ses rails... Placé sur leur trajectoire, un cirque, sa magie et sa troupe d'acrobates entourent l'histoire d'amour contrariée de ces deux êtres. Les musiques populaires, l'odeur de sciure et les grands élans qu'abrite le chapiteau donne un cadre aux émotions, vapeurs et sifflements des locomotives éprises.
Rezo Gabriadze
Poète aux nombreuses voies d'expression, Rezo Gabriadze écrit, dessine, sculpte, fabrique, peint, compose les personnages et les histoires qu'il met en scène dans le théâtre qui porte son nom et qu'il a fondé en 1981 à Tbilissi en Géorgie. D'abord journaliste, il débute sa carrière dans le cinéma « par hasard » mais réalise bientôt ses propres films et écrit jusque dans les années 1990 de nombreux scénarios qui rencontrent un grand succès en URSS, notamment Mimino et Kin-dza-dza ! C'est aussi « par hasard » qu'il dit avoir opté pour la marionnette dont il devient un maître avec L'Automne de notre printemps dès 1985. Jouxtant son théâtre, personnages, décors et oeuvres de sa conception occupent une tour aux allures merveilleuses qui témoigne de son rapport au monde : dans ses créations, l'inanimé et les mouvements d'âme ne sont pas étrangers, le passé et le présent s'entrecoupent sous des formes toujours délicates, sur des tons parfois extravagants et souvent empreints d'humour. Reconnu dans le monde entier pour l'usage féerique qu'il fait de son enfance et de son lien à la Russie soviétique, Rezo Gabriadze revient au Festival d'Avignon vingt ans après y avoir présenté Chants de la Volga.
Distribution
Texte, mise en scène, marionnettes et scénographie Rezo Gabriadze
Musique Rezo Gabriadze, Elena Japaridze
Lumière Mamuka Bakradze
Son David Khositashvili
Construction marionnettes, décor et accessoires Tamar Chalauri, Nana Chezghia, Oleg Ermolaev, Giorgi Giorgobiani, Avdtandil Gonashvili, Luka Gonashvili, Gela Jangirashvili, Aleksander Kheimanovski, Levan Kiknavelidze, Tamar Kobakhidze, Aleksandra Luniakova, Artem Ozerov, Svetlana Pavlova, Viktor Platonov
Avec Tamar Amirajibi, Giorgi Giorgobiani, Vladimer Meltser, Anna Nijaradze, Nino Sajaia, Irakli Sharashidze
Production
Production Théâtre Gabriadze, Prima Donna, Tcmj - Mona Guichard
Avec le soutien de l'Onda